S’agissant de la Sécurité Sociale, certains dirigeants politiques ou membres du MEDEF n’hésitent pas à déclarer vouloir remettre en cause le principe même de cet acquis social, essentiel pour les salariés, basé sur la solidarité intergénérationnelle. Pourtant paradoxalement une grande majorité des Français, y compris ceux qui critiquent parfois certains aspects, s’accorde à reconnaître l’efficacité sociale et médicale de ce système, notamment dans la période de crise aiguë que nous connaissons. Cette reconnaissance va bien au-delà de nos frontières et l’OMS plaçait encore, il y a quelques années, le système de santé français au premier rang mondial. Mais suite aux atteintes perpétrées ces dernières années, il se situe maintenant vers le 10ème rang.
Cette dégradation est orchestrée selon divers axes : culpabilisation des malades, transferts de charges au travers des franchises médicales, déremboursements, casse de l’hôpital public qui se voit imposé une gestion comptable, création des Agences Régionales de Santé qui sous couvert de rationalisation organisent en fait l’emprise de plus en plus marquante du secteur privé, instituant aussi un scandaleux système de dépassements d’honoraires…
Le régime obligatoire de Sécurité Sociale et le régime complémentaire mutualiste qui assuraient depuis 1946 un financement solidaire sont l’objet de convoitises du secteur des assurances à but lucratif qui voit là un moyen de faire des profits à l’instar de ce qui se pratique dans de nombreux pays. L’exemple fourni par les Etats Unis notamment est parlant : le système d’assurance privée représente 16,5 % du PIB contre 10,9% en France. Il est en outre d’une efficacité déplorable et laisse au bord du chemin 1 américain sur 5. C’est ce copier coller que l’on veut nous imposer.
Dans la dernière période le gouvernement s’est engagé ouvertement dans la pénalisation financière des Mutuelles de santé pour lesquelles il impose de posséder des réserves financières inutiles à leur fonctionnement et dans le même temps il taxe ces réserves ! Il fait également pression sur le mouvement mutualiste pour qu’il prenne en charge une partie des A.L.D, médicaments, l’optique, le dentaire… De cette façon chaque mutualiste, citoyen paiera sur son salaire direct sa couverture santé. Le salaire socialisé se réduira comme peau de chagrin et sera de fait récupéré par le patronat dont c’est la revendication principale depuis 1946.
La stratégie du MEDEF et du gouvernement apparaît clairement : rendre le moins opérants possible les espaces de solidarité que sont : la Sécurité Sociale, le mouvement Mutualiste, les Services Public de Santé dans le but de marchandiser la Santé.
Dans ce contexte très difficile dont le dénouement influencera grandement la vie des générations actuelles et futures, la défense et la réaffirmation des valeurs de la Sécurité Sociale et du mouvement Mutualiste sont prépondérantes pour garantir une couverture santé solidaire.
C’est pourquoi, nous vous appelons, nous syndicalistes, mutualistes, associatifs à multiplier les rencontres, initiatives avec les citoyens de façon à rassembler les forces indispensables pour s’opposer à la « marchandisation » de notre système de santé.
Le temps presse. Les secteurs bancaires et/ou assurantiels vont s’appuyer sur le Traité de Lisbonne entré en application depuis le 1er décembre pour relancer le débat ; il ne manque pas d’appui auprès de la commission européenne. Le pouvoir en place en France est tout disposé à répondre à cette attente. Depuis plusieurs années, il a préparé, organisé méthodiquement les choses pour justifier sa décision à venir auprès de l’opinion publique.
Nos aînés ont su construire la Sécurité Sociale et le mouvement Mutualiste de leur époque. Ensemble, sachons résister, imaginer, construire un nouveau modèle solidaire de santé satisfaisant les besoins d’aujourd’hui de tous quels que soient ses moyens tout au long de la vie.
Le bureau et les mutualistes de la section CGT des Retraités des EM de Bourges et Avord.
Bourges, le 07/12/2009